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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 08:09

Les deux victimes présumées de Georges Tron, député-maire de Draveil (Essonne) et ex-secrétaire d’Etat, avouent leur soulagement d’avoir brisé le silence en saisissant la justice.

DRAVEIL (ESSONNE), HIER. Eva et Virginie, qui ont porté plainte contre Georges Tron pour harcèlement sexuel, témoignent pour la première fois à visage découvert avec le soutien de Marie, l’une des anciennes assistantes parlementaires du député-maire.

DRAVEIL (ESSONNE), HIER. Eva et Virginie, qui ont porté plainte contre Georges Tron pour harcèlement sexuel, témoignent pour la première fois à visage découvert avec le soutien de Marie, l’une des anciennes assistantes parlementaires du député-maire.
 

 Deux semaines après leur plainte pour harcèlement sexuel visant Georges Tron, le député-maire UMP de Draveil (Essonne) qui nie l’intégralité des faits, Virginie, 34 ans, et Eva, 36 ans, témoignent pour la première fois à visage découvert.

 

Ces deux anciennes employéesdemairie, longuement auditionnées le 26 mai par les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles, racontent « vivre au jour le jour ». Elles ont reçu le soutien de Marie, l’une des anciennes assistantes parlementaires de Georges Tron, contraint de quitter son poste de secrétaire d’Etat à la Fonction publique après la révélation de l’affaire. « Moi aussi, je me suis fait masser les pieds. Mais j’ai refusé les avances de Georges Tron, raconte Marie, auditionnée mardi par les policiers. Il m’a jetée. Alors, j’ai contacté Eva etVirginie. L’affaire nous réunit. »

Comment vous sentez-vous depuis le dépôt de votre plainte ?
EVA. Je suis épuisée mais libérée. La machine judiciaire est en route. Je me sens combative. Avant, j’avais honte et peur de parler. Maintenant, c’est fini. Mais je n’ose toujours pas sortir. J’ai peur qu’on m’agresse, qu’on me dise des choses ignobles.
 

VIRGINIE. J’étais tellement mal que je suis allée mardi voir un magnétiseur. J’avais l’impression de me trimballer un sac de plomb depuis 2006. Là, je retrouve une forme de légèreté. Hier, pour la première fois depuis quinze jours, je suis sortie faire des courses.

Comment se sont passées vos auditions devant les policiers ?
EVA. Ça a été comme une thérapie. Les policiers ont été formidables. En 2009, lorsque j’avais voulu porter plainte, on m’avait dissuadée. « Tu vas t’en prendre plein la gueule. Tu t’attaques à un puissant. » Devant les enquêteurs, c’était la première fois que notre parole était entendue, qu’ils nous considéraient comme des présumées victimes.
VIRGINIE. Moi, j’en ai pleuré.

Que leur avez-vous dit ?
EVA. J’ai raconté le rituel de Georges Tron. Il me convoquait dans son bureau, fermait sa porte capitonnée à clé. Je devais m’asseoir face à son bureau, en silence et les yeux fermés. Ensuite il s’asseyait à côté de moi. Il me prenait le pied, le massait puis le portait à sa bouche. Il me disait : « Décrispez-vous. Décroisez les jambes. » Il me plantait les doigts partout « pour dégager les fluides ». Il ne me déshabillait jamais. Au final, il remontait sa main dans ma culotte… Je ressortais par la petite porte.

 


VIRGINIE. Je leur ai tout dit, tout ce que je taisais depuis tant d’années.

Avez-vous reçu du soutien ?
EVA. On a plus de soutien de femmes que d’hommes, à l’exception de François-Joseph Roux, ancien bras droit de Georges Tron, qui, lui, m’a entendue. Je me suis sentie trahie par un vieux copain à moi, convoqué comme témoin à la police judiciaire. Il m’a dit : « J’ai un poste à haute responsabilité. Je ne me mouillerai pas pour toi. » Il m’arrive aussi d’avoir peur. Hier, j’ai été suivie. J’ai prévenu la gendarmerie.

VIRGINIE. Des soutiens et des menaces… Une enseignante est venue me dire « bravo. Tenez bon ! »Mais il y a aussi cette personne malveillante qui a fait un blog avec mon nom trafiqué. Certains médias ont raconté des choses affreuses.

Comment vos familles vivent-elles cette affaire ?
EVA. Mon couple avait volé en éclats à cause de Georges Tron. Mes parents souffrent. Mon père a été entendu par la PJ. Il est ressorti de son audition de six heures, blanc comme un linge et laminé. Il découvre ce que j’ai subi. J’ai dû briefer mon petit garçon de 6 ans : « On va peut-être te dire des choses horribles sur moi à l’école ou ailleurs. N’écoute pas ! Dis-toi que tu dois être fier de ta maman. Qu’elle a été courageuse. »

VIRGINIE. Ma mère n’arrête pas de pleurer. J’ai deux fils de 9 et 13 ans. Que personne ne s’en approche ! Georges Tron a bousillé ma famille.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

EVA. Je suis au chômage. Je vais porter plainte pour licenciement abusif de la mairie. Je veux que Georges Tron et sa rabatteuse (NDLR : une maire-adjointe est également mise en cause) soient condamnés. Après, j’aimerais retrouver une vie tranquille, ouvrir un café littéraire, organiser des expos…


VIRGINIE. Pour se reconstruire et tourner la page, il faut que Georges Tron se retrouve dans le box des accusés aux assises pour répondre des viols qu’il nous a fait subir. Ensuite, je reprendrai ma vie. J’ai envie de déménager, ouvrir une boutique

source le parisien

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