Le Président aurait pu choisir d'honorer Jeanne d'Arc à Orléans, lieu habituel de sa commémoration. Il a préféré se rendre dans l'Est de la France, « dans de vieilles terres patriotes où le vote Front national est bien implanté », constate le politologue Jérôme Fourquet, dans le quotidien La Croix. Le message est clair : « Le Président ne vise pas que les catholiques, mais aussi l'électorat du FN. »
La « France éternelle »
En 2007, déjà, le candidat avait tenté de récupérer l'icône de Domrémy, « confisquée » par l'extrême droite : « Jeanne, c'est la France », avait-il lancé entre les deux tours. Il a repris l'argument, hier. « Jeanne n'appartient à aucun parti, à aucune faction, à aucun clan. Puissions-nous, nous aussi, continuer à penser à elle comme au symbole de notre unité et ne pas la laisser entre les mains de ceux qui voudraient s'en servir pour diviser », a souligné Nicolas Sarkozy, visant, sans le citer, le Front national.
Le FN, qui célébrera l'anniversaire aujourd'hui à Paris, dénonce une « récupération électorale ». Sans attendre le discours du Président, Marine Le Pen l'a accusé, jeudi soir, de « courir » après elle. « Qu'il sache que j'ai des convictions plus fortes, que j'ai un coeur plus pur et que j'ai des jambes plus longues. Il va avoir beaucoup de mal à me rattraper. »
À gauche, Vincent Peillon est l'un des rares à trouver l'hommage présidentiel « tout à fait légitime ». Eva Joly rejette le « symbole ultranationaliste ». Même le ministre de la Défense, Gérard Longuet, lui aussi lorrain, confesse un léger trouble : « Il faut y être pour des raisons symboliques, mais il n'est pas nécessaire de s'y éterniser... »
L'Élysée balaie ces critiques en rappelant que les célébrations relèvent des fonctions d'un président de la République. De Gaulle, Giscard, Mitterrand et Chirac ont, eux aussi, sacrifié au culte de celle qui est, selon l'actuel chef de l'État, « le visage de la première résistance française ».
Le politologue Gaël Sliman décèle dans la démarche de Sarkozy la volonté de s'imprégner de « la France éternelle ». En quête de représidentialisation, il cultive « tout ce qui peut faire oublier le président bling-bling des débuts »
source ouest france.