Par quatre fois, Nicolas Sarkozy a refusé de répondre à la question d'un journaliste sur la perte du triple A de la France, ce lundi après-midi à Madrid. L'échange, particulièrement vif entre le chef de l'Etat et le reporter poltique français de l'agence de presse Reuters, s'est produit lors d'une conférence de presse au côté du chef de gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, dont le pays vient lui aussi d'être dégradé par Standard and Poor's
«Je ne comprends pas cette question...»
«Considérez-vous que la perte du triple A est un échec et que le décrochage par rapport à l'Allemagne va réduire l'influence de la France en Europe ?» demande le journaliste au président de la République. «Vous n'avez peut-être pas eu les dernières informations», rétorque Nicolas Sarkozy, dans un sourire crispé. «Donc, pouvez-vous me poser une autre question avec les dernières informations ?»
Le journaliste reprend : «La question de savoir si vous considérez la perte du triple A comme un échec et si le décrochage avec l'Allemagne...» Nicolas Sarkozy le coupe aussitôt : «Je confirme, vous n'avez pas eu les dernières informations. Donc, si vous me posez une question sur les dernières informations, j'y répondrai, si vous me posez une question sur ce qui s'est passé vendredi, c'est vendredi...»
Le journaliste de Reuters : «Eh ben, Moody's, alors, que pensez-vous ?»... Nicolas Sarkozy : «Non, formulez une question, Moody's, cela ne veut pas dire grand-chose». Le journaliste : «Est ce que Moody's fait peser une épée de Damoclès, après Standard and Poor's, sur la politique économique française ?» Réponse du chef de l'Etat : «Je ne comprends pas cette question. S'il y a quelqu'un qui veut me poser une question que je comprenne, j'y répondrai bien volontiers, je ne comprends pas votre question.»
Sarkozy fustige «le manque de sang-froid» de l'opposition
Le président français ne veut retenir qu'une information : le maintien du triple A de la France par l'agence de notation Moody's, ce lundi. Visant les commentaires du PS sur la dégradation de la note française par Standard and Poor's depuis vendredi, il pointe «le manque de sang-froid de tous ceux qui se trouvaient tellement bavards et agités vendredi, et qui sont tellement silencieux lundi, en fonction de ce que dit une agence ou ne dit pas une autre agence».
A une journaliste espagnole qui lui demande : «Je voulais vous parler de la dégradation de la dette souveraine de certains pays par les agences de notation, je pense à la France et à l'Espagne», le président français répond alors : «Je vais essayer d'y répondre. C'est mieux de comprendre les questions. D'abord, Madame, en France et je suppose en Espagne, ce ne sont pas les agences de notations qui doivent définir les politiques économiques. Vendredi, une agence (ndlr. Standard and Poor's) a fait perdre le triple A, lundi une agence (Moody's) confirme que la France garde le triple A, deux agences sur trois (NDLR : Fitch est la troisième, elle aussi a confirmé le triple A). Il faut réagir à ces décisions avec sang-froid et avec recul. Sur le fond des choses, ma conviction, c'est ce que cela ne change rien. Nous devons réduire nos déficits, réduire nos dépenses, nous devons améliorer la compétitivité de nos économies pour retrouver le chemin de la croissance.»
VIDEO. L'incident entre Nicolas Sarkozy et le journaliste de Reuters
VIDEO. Sarkozy : «Il faut réagir avec sang-froid»
LeParisien.fr